2.3 - Le bilan trophique

(cf. GORIUP et al. 1991)

Dans la plupart des pelouses semi-naturelles riches en espèces, la disponibilité limitée des éléments minéraux nutritifs provoque un stress pour les plantes, réduisant leurs possibilités de croissance mais favorisant le développement d'un riche cortège de plantes spécialisées tolérantes aux stress.

L'apport de fertilisants réduit ce stress et induit l'extension d'un petit nombre d'espèces sociales très compétitives, capables de croissance rapide, qui se substituent au cortège diversifié précédent.
La faune associée qui en dépendait subit également les modifications de structure du tapis végétal.

Dans le passé, la gestion des troupeaux entraînait un transfert des éléments minéraux nutritifs exportés sous forme de viande, os, laine...
Par ailleurs, le parcage des moutons durant la nuit permettait de récupérer les excréments qui étaient utilisés pour fertiliser les champs. De plus, l'érosion a pu jouer un rôle important dans le maintien d'un sol pauvre dans le cas de sites pentus.

A l'inverse, l'apport aux animaux d'une nourriture de complément peut entraîner une augmentation graduelle de la fertilité du sol, particulièrement aux abords des postes de nourrissage.

Il est reconnu que, si la gestion cesse ou diminue, le développement des hautes herbes et des buissons a des effets importants sur le bilan trophique des pelouses. Parallèlement à l'accroissement de la phytomasse, le capital nutritionel augmente, de même que la teneur en matière organique du sol. Ces changements ont un effet à long terme pour beaucoup de sites.

Le débroussaillage et le rétablissement d'un pâturage ou d'une autre forme de gestion exportatrice, peut recréer des conditions favorables au redéveloppement d'une vie sauvage diversifiée et typique.