2.4.1 - Graminée sociale et diversité spécifique
La dominance des graminées sociales peut entraîner un effet très négatif sur la diversité spécifique.
Il a été mis en évidence, cf. J.H. WILLEMS (1990) en Hollande (où les apports d'azote atmosphérique atteignent 50 kg/ha), qu'une pelouse qui n'était plus gérée depuis 1971 était progressivement envahie par le Brachypode.
Au bout de 11 ans, le recouvrement du Brachypode atteignait 80% du tapis végétal sans observer pour autant de diminution significative de la diversité floristique globale. Le nombre d'espèces a ensuite chuté brutalement, au cours des années suivantes, lorsque le Brachypode a dépassé le niveau de 80% de recouvrement. (Cf. schéma ci-dessous).
Il Importe donc de relativiser l'urgence d'une intervention de gestion visant à limiter la dominance des graminées sociales afin de maintenir la diversité floristique d'une pelouse, sachant, par ailleurs, qu'un site est rarement homogène et qu'il existe souvent, à côté de faciès denses à Brachypode, des espaces plus ouverts où la flore reste diversifiée.
Dans la mesure où il est souhaitable de maintenir des espaces de végétation herbacée haute, favorable à de nombreux groupes d'arthropodes, il peut être judicieux de mettre en oeuvre des pratiques de gestion que lorsque le Brachypode atteint un niveau de recouvrement important (supérieur à 50% par exemple). Tant que ce seuil n'est pas atteint, le gestionnaire peut se consacrer à d'autres tâches ou à d'autres secteurs du site où une gestion s'avère plus urgente. Il importe néanmoins de ne pas attendre que le taux de recouvrement atteigne un seuil critique dans la mesure où l'on sait que les modalités de gestion classiques (fauchage et pâturage extensif) n'aboutissent souvent qu'à un arrêt de l'expansion du Brachypode et non à sa régression.
Les problèmes de compétitions interspécifiques sont très complexes dans une pelouse de composition floristique diversifiée. Lorsque la végétation est dense, l'ombrage apporté par les plantes environnantes peut conduire certaines espèces à adopter un port dressé, avec pour conséquence une perte plus grande d'organes aériens en cas de fauchage. T.C.E. WELLS (1965) cite les cas de Cirsium acaule et de Leontodon hispidus qui, sous l'effet d'une intense compétition pour la lumière, passent du port oouché au port semi-dressé et accroissenl leur surface foliaire. Dans ces conditions, la défoliation entraîne la destruction du point végétatif et les espèces peuvent disparaître.
Par contre, Asperula cynanchica, qui garde un port prostré et qui est rapidement éliminé des pelouses lorsque la compétition devient forte, peut ainsi survivre et accroître sa vigueur lorsque la compétitivité des autres espèces est réduite.
