A propos

Les pelouses calcicoles, issues pour la plupart d'une déforestation ancienne suivie d'une exploitation en pâturage, ou ayant recolonisé plus récemment des espaces cultivés à l'abandon, sont en nette régression partout en Europe.
Le cas de la Champagne crayeuse est particulièrement éloquent. Alors que les pelouses y formaient, juste après la seconde guerre mondiale, 15 à 20% de la surface exploitée par l'agriculture, elles ne subsistent plus aujourd'hui qu'à l'état d'Îlots relictuels essentiellement dans les camps militaires ou les terrains d'aviation, plus de 100000 hectares ayant été mis en culture ou boisés en moins de 40 ans.
Or, les pelouses possèdent une haute valeur patrimoniale à divers titres. Comme le soulignent J. DUVIGNEAUD et al. 1982, ou J.-F. ASMODÉ 1992, elles présentent:

  • un intérêt géographique : les pelouses calcaires sont des témoins de méthodes d'exploitations agricoles anciennes qui ont façonné certains de nos paysages.
  • un intérêt floristique et phytosociologique : ces peuplements herbacés hébergent des cortèges floristiques originaux et spécialisés, composés d'espèces à affinités méridionales ou steppiques ayant migré vers le nord après la dernière glaciation, à une époque, l'Atlantique, où le climat était plus chaud qu'actuellement, et qui se sont maintenus dans des stations favorables. Certaines espèces sont mêmes endémiques (la Violette de Rouen sur des éboulis crayeux de la vallée de la Seine, par exemple).
  • un intérêt faunistique : ces milieux sont riches en insectes, en particulier en papillons. Dans le Bassin Parisien, elles constituent des îlots relictuels pour des espèces méridionales comme la Mante religieuse. En Ile de France,où une liste provisoire d'insectes protégés a été élaborée, 30% de ces espèces sont inféodées aux pelouses calcicoles.
  • un intérêt paysager : les pelouses calcaires occupent souvent des rebords de plateaux et des flancs de vallée. Elles sont généralement visibles de très loin et constituent un élément important de la diversité paysagère d'une région. '
  • un intérêt pédagogique : ce sont des milieux très démonstratifs pour l'étude concrète de l'écologie.
  • un intérêt médiatique : les orchidées souvent présentes en abondance sur les pelouses, fascinent le grand public et retiennent l'attention des décideurs.

Aujourd'hui, l'intérêt patrimonial de ces milieux est de mieux en mieux connu et reconnu.

Quelques espaces bénéficient d'une protection légale: réserves naturelles du Ravin de Valbois, du Sabot de Frotey, des Coteaux de Mesnil Soleil, de Grand-Pierre et Vitain. D'autres, de plus en plus nombreux sont acquis par des Conservatoires Régionaux d'Espaces Naturels ou font l'objet de convention avec leurs propriétaires (collectivités territoriales, notamment).
Mais ces terrains, autrefois intégrés dans l'économie locale, puis délaissés, doivent être entretenus et parfois restaurés.
Des expériences de gestion sont conduites, en France et surtout à l'étranger, mais leurs résultats sont méconnus, car non publiés ou Inseres dans des rapports à diffusion restreinte, et les articles de synthèse sont rares.
Pourtant, des progrès importants ont été réalisés concernant :

- la typologie et la connaissance de l'écologie de ces milieux (thèses de phytosociologie en France, ... ),
- la gestion conservatoire de ces milieux en Grande-Bretagne, Belgique, Hollande, notamment.

La diffusion des acquis scientifiques dispersés dans la littérature devrait contribuer à mieux définir une politique de gestion adaptée à chaq ue site.
C'est pourquoi le présent document a été  réalisé. Il rassemble successivement :

- les données essentielles nécessaires à la compréhension de l'identité biologique et écologique des pelouses calcicoles,
- une synthèse bibliographique commentée, - des fiches techniques sur la gestion concrète de ces milieux.

Les données rassemblées ici ne pourront être valablement applicables que dans un cadre géographique limité aux pelouses calcicoles atlantiques et médioeuropéennes des étages planitaires et collinéens de l'Europe de l'ouest. Mais l'essentiel des commentaires en matière de gestion pourra néanmoins nourrir également la réflexion des gestionnaires de nombreux milieux seminaturels herbacés autres que les pelouses calcicoles.

 

Nota bene :
Ce cahier technique résulte en grande partie d'un large tour d'horizon de la bibliographie existante. Il est, pour certains chapitres, constitué d'extraits de publications (thèses ou artic:es étrangers traduits).
C'est pourquoi nous sommes très redevables aux auteurs de ces travaux et notamment :

- aux divers phytosociologues et écologues du GEREP (Groupe d'Etude et de Recherche en Écologie Prairiale).
- aux collègues étrangers qui nous ont communiqué des tirés-à-part de leurs publications ou des données iné dites.